Ce matin le ciel est gris. Nous décidons quand même de retourner nous promener dans le centre de Grenade, que nous avons parcouru hier de nuit. Initialement nous avions aussi envie de remonter au mirador San Nicolas admirer l’Alhambra au soleil du matin, mais de soleil il n’y en a pas …
Après le petit déj proposé par l’auberge (nous sommes les 2 seuls, les autres doivent encore récupérer du concert d’hier), nous voilà partis pour la cathédrale, absolument monumentale, même si on ne se rend pas trop compte des proportions, enserrée qu’elle est au milieu des maisons. L’entrée est payante, comme on est auvergnats, on n’entre pas (et puis l’intérieur des cathédrales espagnoles … bof bof… peut être avons-nous eu tort ?). On admire une chapelle adjacente, une ancienne medersa aujourd’hui reconvertie en université (je trouve la façade plutôt moche), et le bâtiment de l’archidiocèse (là, la façade est très jolie avec sa couleur orange pâle, ses portes de bois richement ouvragées, et ses cyprès qui montent la garde). Nous essayons tant bien que mal d’échapper à tout un tas de dames espagnoles qui veulent à tout prix nous refourguer un brin de romarin… Il y en a dans toute la ville (des dames avec des brins de romarin). La prochaine fois, je prendrai avec moi celui qui j’ai cueilli dans la campagne le 1er jour, et qui traine sur le tableau de bord … elles penseront peut être qu’elles ont affaire à une de leurs semblables et me laisseront tranquille.
De fil en aiguille, nos pas nous mènent jusqu’au bas de l’Albaicin, et nous nous souvenons avoir lu dans nos guides qu’il y a un peu plus haut (enfin juste sous le mirador San Nicolas) la maison – typique de Grenade – d’un peintre belge, qui se visite, qui plus est gratuitement. Nous affûtons nos mollets et c’est parti pour l’ascension…. Le quartier est aussi joli qu’hier, et un premier aperçu de l’Alhambra, perdue dans la brume, nous donne envie de continuer à monter. On finit par passer devant une porte ouverte, qui donne sur un jardin. Un monsieur muni d’un masque (pourtant nous n’avons pas des têtes de chinois ?) nous invite à entrer. C’est là ! Le jardin, à plusieurs niveaux, est charmant, et offre une vue imprenable sur l’Alhambra. Il y a même une terrasse tout en haut. On commence par visiter une salle d’expo des tableaux du peintre belge propriétaire des lieux (enfin, il est mort dans les années quarante) qui s’appelle Moreau, mais j’ai oublié son prénom. Beaucoup de portraits très réalistes, ça nous plait. On ressort de la pièce (qui était peut être son atelier) pour accéder à sa bibliothèque, en repassant par le jardin, puis on descend un escalier et on arrive dans la maison principale. Partout la vue sur l’Alhambra est saisissante. Mais comme on ne s’en lasse pas, en sortant de la maison, on monte au mirador juste au dessus. Des guitaristes (mais pas les mêmes qu’hier) jouent aux Gypsie Kings, et Didier se laisse tenter par un dessin de l’Alhambra. Enfin, on redescend la colline par un autre chemin, on retrouve notre voiture au parking, et c’est reparti pour de nouvelles aventures.
Notre jumpy emprunte l’autoroute du sud, puis sort à la sortie « Alpajurras », nom des montagnes qui longent par le sud la sierra Nevada. Au début le paysage est noyé dans la brume, puisau fur et à mesure que l’on s’élogne de Grenade, ça s’éclaircit et le soleil fait même de furtives apparitions.
On commence à gravir les flancs des Alpujarras, par de très jolies routes de montagne. On se laisse tenter par un morceau de fromage local, vendu apparemment par les gens qui le produisent.
Arrêt dans le 1er village typique des Alpujarras (Soportula) : toits plats en terrasse, murs d’une blanheur immaculée, cheminées rondes. Des vestiges des maures qui ont habité la région autrefois. A priori ce village a aussi à voir avec des sorcières … il y en a partout dans le village (mais pas des vraies), ainsi que des dragons. Il y a aussi une espèce de grotte avec reconstitution d’une caverne de sorcière à la sortie du village. Un peu plus loin, en haut d’un col, on avise une petite chapelle avec des bancs donnant sur une vue magnifique de montagnes, et une fontaine… parfait pour le pique nique ! Notre repas est troublé par une mère et son fils d’une douzaine d’années qui se mettent à jouer au ballon en attendant … on ne sait pas trop quoi (il faut dire que la mère est arrivée à pied par la route et le gamin s’est fait déposer au même endroit par le bus scolaire). AU bout d’un moment, ce qui devait arriver arriva : le ballon part dans le décor (=une pente herbeuse très raide avec plein de buissons et de petits arbres… bien sûr le ballon disparaît). La mère descend la pente pour récupérer le ballon mais manifestement elle n’a pas vu où il avait atterri, donc elle galère … Didier n’écoutant que son courage, enjambe à son tour la barrière de bois qui nous sépare de l’abîme et, guidé par mes indication (oui, j’ai aussi joué un rôle dans l’histoire car j’avais suivi la trajectoire du ballon), tombe direct sur le fameux ballon, faisant 2 heureux, l’enfant (qui a récupéré son jouet) et sa mère (qui n’est pas obligée de passer le reste de l’après midi à fouiller tous les buissons de la pente).
Cette BA accomplie, on reprend la route qui nous mène au 1er des villages du Baranco (défilé) de Poqueira : Campaneira. La vue sur le village en arrivant est magnifique. Comme dans tous les villages d’Andalousie (en tout cas ceux que nous avons visités), il faut s’armer de courage car ça grimpe, et ici peut être encore plus qu’ailleurs. Après avoir longé la rue touristique du village (bars, restau, boutiques de tapis typiques du coin), on se perd dans les ruelles, passages voutés, escaliers, et on finit par arriver en haut du village, là où part un chemin qui rejoint le 2ème village, Bubion. Au bout d’1 km de sentier (mais attention, ça grimpe), avec en ligne de mire l’église de Bubion se détachant sur les montagnes enneigées de la Sierra Nevada, sentie qui serpente entre des aires de battages, des vergers d’oliviers et d’arbres fruitiers en fleurs, nous voilà arrivés à destination … ou presque car on est en bas du village, en avant d’atteindre le haut, bien sûr, ça grimpe fort. Ce petit village est magnifique, la vue depuis le parvis de l’Eglise est époustouflante, mais il est presque désert. Nous qui rêvions de nous attabler à une terrasse pour boire un coup (il faut dire que le soleil est revenu et qu’il tape fort), nous ne voyons pas un seul café. Heureusement nous trouverons, tout en haut dans une supérette de quoi étancher notre soif. Et en plus, la rue devant cette supérette offre une vue superbe sur les montagnes enneigées. Il commence à se faire tard, le 3ème village (Capileira) n’a pas l’air très loin, mais nous ne voudrions pas finir notre rando de nuit, donc retour à Campaneira, où on reprend la voiture pour aller repérer un lieu pour dormir. On s’élève un peu dans la montagne et on repère un grand endroit plat qui nous conviendra parfaitement. Puis on retourne à Capeleira, où on déguste une cerveza, et quelques tapas (croquetas, fromage et jambon du coin, olives), et où accessoirement on profite du wifi pour préparer la suite de notre parcours et envoyer 1 mail pour réserver 1 nuit et 1 tour en 4X4 dans le désert de Gorafe. Je n’aurais pas de réponse ce soir, et sans wifi je n’ai pas la data, donc difficile de consulter mes mails après…
Nuit calme dans la Sierra Nevada.