Le vent a soufflé dans la nuit, mais n’a quand même pas emporté le véhicule. Ça souffle encore au réveil, et le soleil joue les abonnés absents. On a vu sur le site internet qu’on devait se présenter 1/2h avant l’heure prévue (9H45) au point de départ du « petit chemin du roi » (Caminito del rey), et comme on ne connait pas précisément où est le départ (on a vu ailleurs qu’il y avait 1,5 km de marche… mais à partir d’où ? de la gare ? de l’arrivée des bus ?)… on ne traine pas, on ne déjeune pas (d’ailleurs il y a trop de vent), et on va directement repérer le terrain. On se dirige donc en voiure vers l’accesso Nord (celui du départ, le Caminito ne se faisant que dans le sens Nord Sud), et au bout de 2 km environ, on avise un tunnel dans la paroi rocheuse au bord de la route, indiquée « caminito del rey »… ça doit être par là. On se gare, on s’achète un paquet de gâteaux (très sucrés, les gâteaux, limite collants…) au restaurant au bord de la route, et nous voilà partis. Le tunnel dure quelque centaines de mètres, puis débouche sur une vallée (avec la rivière au fond), que longe notre chemin. Au bout d’un kilomètre environ, tout le monde s’arrête et attend l’ouverture du site. Il y a déjà un monde fou ! Il est un peu moins de 9H, finalement nous (c’est-à-dire ceux qui ont pris la visite guidée – en fait on n’a pas eu le choix, c’est la seule formule et la seule date et heure qui restaient disponibles quand on a réservé il y a quelques jours) serons appelés à 9H45… Du coup on a le temps d’acheter un café à la jeune fille qui chaque matin apporte ses thermos en vélo électrique….
Finalement on démarre l’expédition, non sans s’être équipés d’un casque protecteur, et d’écouteurs (pour suivre les explications de notre guide Christobald, qui s’exprime en anglais …mais je ne comprendrais quand même pas grand-chose, ça aurait peut être été mieux en espagnol ?).
Mais tout d’abord, je sens que la curiosité de nos lecteurs est à son comble : qu’est ce que le petit chemin du roi ??? C’est un chemin, taillé dans la roche, qui était utilisé par les ouvriers pour entretenir des installations hydroélectriques et notamment nettoyer le petit canal qui alimentait en eau la turbine qui allait produire l’électricité. La construction de l’usine hydro électrique date de 1920, elle a permis d’amener l’électricité dans ces contrées reculées qui auparavant n’avaient que les bougies et le gaz pour s’éclairer et se chauffer. Cela a également permis de transporter de l’eau potable. 600 ouvriers ont travaillé à la construction du complexe et du chemin du roi. « Seulement » (car quand on voit le site, on se dit que ça n’a pas du rigoler tous les jours) 2 ouvriers sont décédés, et encore indirectement. Une ligne de chemin de fer suit également le défilé des Gaitanes pour désenclaver Malaga du reste de l’Espagne.
Oui, mais pourquoi le chemin du Roi ? Et bien parce que ce bon roi Alphonse XIII a voulu rencontrer les ouvriers, et il a pris le train, tout simplement ! Pour lui permettre de passer d’un côté à l’autre du défilé, un pont a été construit spécialement.
Le petit chemin du Roi, est un réseau de passerelles accroché à la falaise (il faut dire qu’à certains endroits, la faille est haute de 300 m et large de 10m… impressionnant non ?), qui s’est détérioré au fil du temps (il y avait même des gros trous dans certaines parties, pas de rambardes, et une largeur de passerelle de moins d’1 mètre…), et dont l’accès a fini par être interdit après plusieurs accidents mortels.
Le petit chemin a été restauré (ou plus un nouvel ensemble de passerelles a été réinstallé, juste au dessus de l’ancien), et maintenant n’importe qui peut y accéder pourvu de ne pas être sujet au vertige.
On commence par une gorge très étroite et profonde, puis on arrive dans une vallée beaucoup plus ouverte, on passe dans un tunnel, et on finit par un pont de singe qui remue au vent (on serre les fesses pour le traverser…) et de nouveau un jeu de passerelles à peu près au milieu d’une paroi verticale parfaitement lisse, avec des planches et des marches par lequel on peut bien voir le vide en dessous. Ce n’est pas le moment de lâcher son smartphone …. Voilà le résumé d’une très agréable (et impressionnante) balade de 3H environ. Le mieux est de regarder les photos …
L’arrivée se fait à l’accesso Sur, on prend un bus qui nous ramène à notre point de départ (il faut un peu jouer des coudes…presque pire qu’un quai de métro un jour de grêve… ) par un grand soleil. A l’arrivée on en profite pour admirer l’eau bleue du lac de barrage. Tout cela a un parfum bien estival, on imagine sans peine la cohue que cela doit être l’été pour profiter de la base nautique, du camping et des tables de pique nique…
On revient à l’endroit de notre lieu de villégiature nocturne, dont on compte bien maintenant profiter au soleil, pour pique niquer. Hélas à notre arrivée, le soleil se cache, le vent ne faiblit pas… Tant pis, on profite quand même de la vue somptueuse sur le lac.
On quitte ensuite cette région pour rejoindre celle d’Alméria, à l’extrême Sud Est du pays, après environ 3H de trajet. L’autoroute que l’on emprunte longe la Costa del Sol, laissant apparaitre quelques traces de mer bleue, de belles montagnes, et surtout beaucoup de béton. Et puis apparaissent les serres … sur une centaine de kilomètres, des kilomètres carrés recouverts de plastique, sous lequel « mûrissent » les tomates que nous « dégustons » en France hors saison. On finit par arriver au Caba de Gato, cap à l’extrême Sud Est de l’Espagne, et fatigués par notre journée, on se pose au 1er camping venu, entouré de ces immenses murs de plastique… Dîner au village d’à côté, le restau est immense mais en cette saison désert. On patiente jusqu’à ce qu’il ouvre, à 20H30 (voilà bien l’heure espagnole ). Au menu, Salmonejo (cette excellente soupe froide épaisse, que l’on a déjà goûté à 2 ou 3 reprises, à base de tomates mie de pain ail et huile d’olive et surmontée de bouts d’œufs durs et de lardons grillés), morue crème d’ail et ratatouille (pour moi : excellent) et hamburger pour Didier. On se prend même un dessert …