altitude : 2260m
Très bon petit déjeuner sous la yourte dans le jardin de la maison d’hôtes Shepered's way trekking. C’est certainement le meilleur du séjour. Tout est fait maison = les confitures d’abricot et de cassis, le pain, le gâteau à l’abricot …
Il faut dire qu’il y a plusieurs abricotiers dans le jardin (comme dans toute la région d’ailleurs), Didier a même aidé le patron à la cueillette ce matin avant le petit déjeuner… mais même s’ils sont très bons, ce sont des abricots qu’il jettera car trop petits donc moins pratiques pour la confiture (et il les ramasse pour ne pas qu’ils salissent sa belle pelouse et son allée ...)
Comme hier, on est assis par terre pour tester notre souplesse (sauf Didier GO à qui on ne la fait plus …) alors que nos 2 hôtes se sont pris 2 petits sièges bas … Il n’y aurait pas comme une arnaque ? Bref, nous discutons agréablement (enfin surtout Didier) en anglais avec le patron et la patronne. Celle si nous apprend avoir passé 2 séjours près d’Orange il y a quelques années pour des raisons professionnelles. Le patron s’émeut de l’augmentation honteuse des tarifs des billets d’avion pour l’Europe … Depuis la guerre en Ukraine, la seule compagnie à assurer cette liaison est la Turkish Airlines et celle-ci y va à fond dans le jeu de l’offre et de la demande. Bref, il voulait participer à un salon de voyageurs à Genève en décembre, il avait mobilisé plein de monde pour ce salon (artiste peintre, photographe, …) et il pense que la participation de cette délégation kirghize est fortement compromise avec cette nouvelle donne… La patronne, elle, parle de ses petites filles (3 et 5 ans) qui sont arrivées hier de Bichkek pour les vacances et qui sont bien contentes de trouver de la fraîcheur – il fait 40 ° à la capitale – et le lac !
Nous quittons nos hôtes et cette guesthouse ma foi fort agréable (même si elle est encore en travaux), et rejoignons la vallée de Jeti Oguz, par une route plutôt facile qui, au début, longe de très près le lac Issy Kul. La température est hyper agréable, une petite brise agite les branches des millions d’abricotiers que l’on longe (d’ailleurs on passe à côté de « centres d’embauche au c … du camion » car on est en pleine récolte des abricots), le lac bleu scintille sous le soleil …. on se croirait vraiment au bord de la mer !
Après avoir emprunté une route qui s’enfonce dans les terres, on passe à côté du site des 7 taureaux (on s’y arrêtera au retour), puis on continue notre route par une piste forestière très cahoteuse, qui traverse plusieurs « petits ponts de bois » (nouvelle private joke), ceux ci étant sans rambarde. Je ferme doublement les yeux quand on les emprunte … si on tombe, la chute ne sera pas bien haute, mais le courant est fort !
Contrairement à celles des précédents jours, cette piste est très empruntée par des touristes, kirghizes mais aussi russes. D’ailleurs les visages que nous croisons sont pour partie asiatiques, pour partie caucasiens (les russes). On laisse Altimbeck et le 4X4 dans une magnifique vallée (pelouses et forêts), parsemée de yourtes (on a d’ailleurs réservé notre déjeuner dans l’une d’entre elles … apparemment elles font toutes restau…) et on commence à marcher en direction d’une cascade célèbre – j’ai oublié son nom mais je pense que ça ne vous dira rien … On traverse d’abord un pré, on est abordés par des jeunes garçons à cheval qui veulent nous proposer une monture pour rejoindre la fameuse cascade (c’est non!), puis un petit sentier forestier nous amène dans une zone encore plus « touristique » (en tout cas peuplée) avec des yourtes restau, des emplacements en béton pour des futures arrivées de yourtes (une espèce de terrain de camping, donc… à moins que ce ne soit des résidences secondaires qui s’installent ici), des stands où on peut acheter de la nourriture et des boissons, et partout des chevaux qui peuvent être loués pour la balade. On passe aussi à côté d’un petit chalet où Youri Gagarine a passé 1 an en 1961 pour se remettre de son vol en orbite (petite pensée pour Ariane qui n’a pas pu aller en Russie l’année dernière), ainsi que sa collègue beaucoup moins connue – certainement car c’est une femme ! - Valentina Telichkova – en 1963).
Après une petite heure de marche en montée sur un sentier à flanc de montagne dans la forêt (je précise qu’on croise des touristes notamment russes tout le long du sentier), nous arrivons enfin à cette fameuse cascade qui est effectivement très belle et très haute. Une petite anecdote intéressante : la forêt que nous traversons a été plantée par des prisonniers allemands, à la fin de la seconde guerre mondiale, comme pas mal d’autres forêts dans le pays (il fallait bien les occuper…) et il se trouve que dans plusieurs endroits, les soldats ont planté les sapins en forme de croix gammée, au nez et à la barbe de leurs gardiens russes.
De retour au 4X4, nous nous installons dans la yourte restau qui nous sert un très bon plat de Dimdama (= sorte de potée auvergnate où le porc serait remplacé par du mouton, et le navet remplacé par des tomates et des poivrons), accompagné d’une très bonne salade tomates concombres oignons (j’aurai mieux fait de m’abstenir…) et en guise de dessert des fruits raisins abricots et bananes.
Les 4 garçons se laissent aller à une sieste sur les épais tapis de la yourte, quant à moi je fais de même mais dehors, au soleil.
Au retour, nous nous arrêtons comme convenu près du célèbre rocher dit « des 7 taureaux » (il y a une légende à ce sujet dont j’ai oublié les détails mais il est question je crois d’un amour contrarié, et bien sûr de 7 taureaux … ne me demandez pas le rapport entre les 2, je ne m’en souviens pas!). Au pied de ces rochers monumentaux se trouve un petit village qui abrite un « sanatorium » (en fait un centre thermal) datant de l’ère soviétique et passablement décrépit. C’est quand même agréable de se balader dans les allées du parc, entre les pelouses à la tonte « bio » (c’est à dire dont l’herbe est fauchée à la main…). Il y a 3 ou 4 bâtiments qui logent les curistes, et 1 autre qui accueille le centre de soin. Il y a aussi plusieurs statues qui « agrémentent » le parc, et nous posons sous celle de Lénine. Cette visite instructive terminée nous prenons de la hauteur pour admirer encore mieux la vue sur les 7 taureaux et les montagnes de couleur rouge qui entourent le village. De l’autre côté, les 7 taureaux se transforment en un coeur brisé (et c’est encore plus beau) … d’où peut être le rapport avec l’amour contrarié (je viens juste de faire le lien ….).
Nous poursuivons notre route pour atteindre en milieu d’après midi la ville de Karakol, environ 40000 habitants, tout à l’Est du pays, et point de départ pour moultes activités sportives dans les montagnes environnantes (il y a notamment une station de ski). Notre premier arrêt sera pour le musée ethnographique local, qui abrite notamment une riche expo de photos d’Ella Maillart, qu’elle a prise au cours de ses excursions dans le coin pendant les années 30 (je ne peux que recommander chaudement la lecture de ses bouquins … une sacrée exploratrice!). Le reste du musée est un peu moins sympa, d’abord parce qu’il est tout en russe ou kirghize, et ensuite parce que, au-dela des objets traditionnels locaux, il comporte principalement des photos des dignitaires locaux depuis une centaine d’année (on a droit à la tête de tous les maires, députés et autres hommes importants – le fait qu’il n’y ait quasiment pas de photos de femmes n’étonnera personne – quelques soient les mérites de ces personnages, voir leur binette sans en apprendre plus que ça ne présente qu’un intérêt limité….). Il y a quand même une salle consacrée à la faune locale, avec plein d’animaux empaillés, dont la fameuse « panthère des neiges », mais aussi le « mouton Marco Polo » (= très grand bouquetin), d’autres bouquetins, un sanglier énorme (presqu’aussi gros que l’ours d’à côté), des marmottes, des rapaces en tout genre (notamment aigles et vautours) …
Notre hébergement de ce soir est semi guesthouse, semi hôtel, au milieu d’un beau jardin très bien entretenu.
Le repas se passera dans le quartier nocturne de Karakol, dans un restaurant à la nourriture plutôt internationale (mais aussi kirghize). Le moment est agréable et se termine par l’audition d’un duo sympathique dans la cour du restau (sorte de guitare et flûtiau, airs traditionnels kirghizes … ils passent plus de temps à s’accorder qu’à jouer). On est les seuls spectateurs donc on se force à écouter 3 airs, puis on regagne nos pénates pour la nuit.