Départ de Naukluft. Les babouins ne se sont pas montrés. Nous les craignons mais nous aurions bien aimé, malgré tout en voir. Démontage express des tentes et reprise de la piste (après une bonne tisane pomme-cannelle - le lait ayant givré dans la glacière électrique - efficace ce frigo! Les bananes ont elles aussi souffert de ce défaut de réglage de la température).

La route se fait bien au départ puis la piste devient un peu plus chaotique. Le long des clôtures, nous nous arrêtons pour photographier des oryx. Plus tard, changement de paysage, la végétation devient encore plus éparse et le sable rouge nous apparaît. Nous entrons dans le désert Namibien. Sur le bord de la piste, de nouveau des oryx, mais aussi des zèbres, des autruches et des sprinboks. C est la fête, les paysages et les animaux, tout contribue à nous dire que nous sommes ailleurs.

Nous prenons une piste privée pour rejoindre le centre de départ du tok tokkie. C'est un corridor qui protège la voie du passage d'animaux sauvages. Nous mangeons un restant de pâtes en salade et des bananes décongelées... Le début de la rando est en fait une initiation a l'usage du peu de ressources disponibles en Namibie: four solaire, toilette sèche, combustible à base de papier mâché. Il faut 1 heure de préchauffage puis 3 heures pour cuire des morceaux de poulet dans les fours. Ce centre accueille toute l'année des "classes vertes" (ou plutôt des "classes jaunes", vu la couleur du peu d'herbes du coin), et a pour objet d'inciter les jeunes générations des "villes" namibiennes à faire attention à la nature. Au moment où on y était, il y avait des jeunes d'un collège de Windhoek.

Vient l'heure du départ proprement dite: une bonne demi-heure de Toyota avant de démarrer la rando. Nous avons 2h30 à parcourir avant d'atteindre le bivouac du soir. Sebastiaan, notre guide - nous sommes avec un couple d allemands Ingo et Emli - avance au rythme africain (ce sont ses mots). Régulièrement il nous donne des explications sur ce qui nous entoure: cercle de fée (fairy circle), termites, traces de léopard, de guépard, d'oryx, scarabée, etc. La réserve est privée. C est la plus grande existante en Namibie, même en Afrique du Sud il n y a pas d'aussi grande. C'est le regroupement des terres de 14 fermes (215000 hectares). Les fermes avaient perdu leur intérêt: l'élevage de moutons; non pas pour la viande, non pas pour la laine, mais pour la peau des agneaux de deux jours. Cette matière était utilisée pour faire des vêtements (très doux) et des sacs à main. Parfois même les agneaux étaient extraits du ventre de leur mère avant leur naissance. Lorsque les écologistes ont expliqué l'origine de cette texture, le monde entier a cessé d'acheter ces produits. En même temps, une grande sécheresse a fini de ruiner les éleveurs. Les fermes ont été vendues et l'ensemble est devenu la réserve actuelle. Le but est de préserver les animaux d'Afrique. Notamment ceux de ce coin du pays. Il y a bien des girafes (importées dans le parc) mais au nombre de 15 seulement. Autant dire que nous serions bien chanceux d'en apercevoir une. Chanceux nous le sommes malgré tout car un chacal se laissera surprendre sur notre passage. Le guide n'en avait pas vu depuis un bail. Il nous montre également une trace de guépard (??? on va dormir à la belle étoile ? vous êtes surs ?).

La conférence de Sébastiaan sur les cercles de fée est également très intéressante. Il nous apprend qu"une quarantaine de scientifiques s'est réunie récemment pour un colloque consacré à ces cercles sans végétation. Parmi eux, un chercheur cherche (normal c'est son boulot) depuis 17 ans quelle peut bien être l'origine des cercles de fée, et tenez-vous bien, il n'a toujours pas trouvé ! Les hypothèses abondent et notamment celle des termites (il y a des cercles de fée avec des termites dans le sol, d'autres avec des anciennes traces de termites, d'autres enfin sans termites ni traces ... cette explication semble donc plutôt foireuse). Sinon, il y a aussi l'option des soucoupes volantes. Enfin, DVGO - qui lui n'a pas cherché pendant 17 ans mais a quand même sa théorie - pense que les plantes se regroupent en cercle pour lutter contre la sécheresse. Didier n'est pas convaincu. Mais pourquoi pas ?

Le camp de base offre une vue paradisiaque. C'est ce que sera la soirée: bière fraîche, gin tonic (restant d'un passé colonial allemand ?), entrée sous forme d'une tarte au maïs (petite pensée pour DVGO) et aux poireaux confectionnée par Lulu (la cuisinière attitrée). S'en suit du ragoût d oryx (miam) avec courge butternut à la noix de coco et salade cocombre-tomate-feta. Le tout est accompagné de vin rouge d Afrique du sud. En dessert: une tarte au chocolat (le paradis existe!). Sébastiaan nous décrit les constellations qui nous serviront de toit pour la nuit: la voie lactée, la croix du sud (qui par un jeu de lignes déterminées par les étoiles constituant la croix indique la direction du Sud), Orion, la galaxie du Taureau, etc. Chacun rejoint son coin de désert pour la nuit et s'endort le nez dans les étoiles. C'est la plaine lune : pas besoin d'allumer sa frontale pour aller au petit coin !